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Faune remarquable de la Haute-Vallée

Actuellement, une dizaine d’espèces de la directive Habitats ont été identifiées dans les gorges de la Loire. Parmi celles-ci, quelques-unes méritent d’être présentées.

La Loutre, symbole des milieux aquatiques

La Loutre, essentiellement nocturne, est difficile à rencontrer. En voie de disparition, protégée par la loi française depuis 1972, elle est un très bon indicateur de la qualité des milieux.
Symbole d’une eau relativement pure et poissonneuse, elle était autrefois commune sur la totalité du territoire français. Mais le piégeage intensif, la destruction de son habitat et la pollution ont réduit considérablement ses populations. Il ne subsiste en France que 1000 individus environ.
Elle ne se maintient aujourd’hui pour l’essentiel que sur la façade Atlantique et possède quelques noyaux de population dans le Massif Central. Sa redécouverte sur la Haute Vallée de la Loire, au cours de l’été 1989, par E.Valladier, confirmée par C.Bouchardy, un des meilleurs spécialistes européens de ce mammifère fut une bonne nouvelle.
Avec plus d’un mètre de longueur (dont 30 à 40 cm pour la queue), la Loutre est un animal extraordinaire. Parfaitement adaptée au milieu aquatique, elle possède un corps long et fuselé, une petite tête, une queue puissante et quatre pieds palmés.
Marquant son domaine à l’aide de ses fientes, que l’on nomme épreintes, elle vit en solitaire sur un territoire de 10 à 50 km de rivière. Elle se nourrit de poissons, mais aussi de batraciens, de petits mammifères, quelquefois d’oiseaux.
La Loutre femelle, qui porte de 1à 3 petits, met bas, ce qui est exceptionnel, à tout moment de l’année et élève seule ses petits. La Loutre dort et fait ses petits dans une cachette appelée catiche, située entre les racines des arbres ou sous les rochers au bord de l’eau. Le moment où l’on a le plus de chances de l’observer est celui de la prise d’activité, à la tombée de la nuit.
On note la présence de la Loutre sur la Haute Vallée de la Loire depuis le barrage de Lapalisse en Ardèche jusqu’au pont de Chadron.

Le Saumon a disparu mais reste l'Ombre commun

Ce salmonidé est un des plus beaux hôtes du cours supérieur des rivières, il aime leurs eaux vives, fraîches et bien oxygénées.
Ses caractéristiques: présence d’une petite nageoire adipeuse (comme la truite) entre la nageoire dorsale très développée et la nageoire caudale, dos bombé de couleur gris-vert à bleu, bouche petite et s’ouvrant vers le bas, grandes écailles argentées sur le dos et les flancs.
L’Ombre commun est présent, sur la Loire, dans une zone d’environ 45 kilomètres de long, comprise entre le pont de Laborie (amont d’Issarlès) et Coubon. Une quarantaine de sites de frayères est recensée sur cette longueur. L’espèce reste cantonnée au cours de la Loire et est absente de tous les affluents.

L’Écrevisse à pattes blanches

Cette écrevisse, considérée comme l’hôte naturel de nos rivières, est d’une manière générale en régression. Elle était encore présente dans 72 départements français lors de l’enquête nationale du Conseil Supérieur de la Pêche en 1990. Mais en fait de nombreux départements présentent un gisement faible, inférieur à 10 sites occupés. La Haute Loire figure dans les départements comprenant plus de 10 cours d’eau à écrevisses.

L’Ecrevisse à pattes blanches fréquente les remous des ruisseaux rapides et son habitat est en général associé à celui de la truite. Elle recherche les fonds graveleux et pierreux peu profonds où elle se cache sous les cailloux. Elle a un régime essentiellement détritivore et se nourrit principalement de débris végétaux, et à l’occasion de cadavres de poissons ou d’invertébrés. Elle peut atteindre 135 mm. Sa couleur est d’un vert variant du bronze au gris-vert, les pinces et les pattes foncées en dessus sont blanchâtres sur le dessous, de même que la face ventrale.
L’Ecrevisse à pattes blanches est extrêmement dépendante de son environnement. Elle est particulièrement exigeante quant à la qualité de l’eau et doit pouvoir bénéficier d’un débit minimal lui permettant de bonnes conditions de vie. Elle se montre particulièrement sensible à toute forme de pollution (thermique, chimique, organique, bactériologique). La destruction de son habitat est un autre facteur de régression de l’espèce. La disponibilité en caches (cailloux, sous-berges, racines immergées, végétation aquatique) est indispensable. La végétation rivulaire permet d’éviter un échauffement trop important de la température de l’eau en période estivale et fournit les dépôts de litière, base de nourriture de l’écrevisse. Ces dépôts se font dans les remous derrière les cailloux et dans les zones plus calmes. Le maintien d’une bonne diversité d’écoulements dans le cours d’eau permet la conservation d’un grand nombre de postes de nourrissage.

Actuellement l’espèce en raréfaction continue dans les secteurs de plaine et de moyenne montagne, se cantonne le plus souvent sur des cours d’eau appartenant à des bassins versants peu aménagés. Mais le phénomène d’isolement qui peut en résulter conduit à une fragilisation des populations.

En règle générale la meilleure protection que l’on puisse assurer à une population d’Écrevisses à pattes blanches est de maintenir l’équilibre du milieu tel qu’il est.

Une surprise de taille, la Moule perlières

Une moule en Haute Loire !!! Le grand public a un peu tendance à oublier qu’il existe des moules d’eau douce, dont Margaritifera margaritifera.
La Moule perlière car c’est d’elle qu’il s’agit, est très sensible aux pollutions comme beaucoup d’organismes filtreurs, et d’une grande longévité puisque pouvant atteindre plus de 100 ans. C’est ainsi un excellent bio-indicateur dont la présence témoigne d’une bonne qualité de l’eau.
En raison de la pollution, elle a disparu de beaucoup d’endroits où elle était jadis très répandue.
Elle a la particularité de former des perles autrefois très appréciées, malheureusement pour elle, car les ramassages anciens ont largement contribué à faire diminuer les populations. On peut toujours observer moules et perles au musée Crozatier, au Puy en Velay.
Bien qu’ayant besoin de calcium pour former sa coquille, elle ne supporte pas l’eau trop calcaire. D’ailleurs on ne la trouve que dans les cours d’eau des massifs anciens non calcaires (Massif Armoricain, Vosges, Morvan, Massif Central).
Les larves ou glochidies, très petites, sont libérées par la femelle et vivent quelques semaines en parasite sur les branchies des poissons. Lorsqu’elles quittent leur hôte qui leur a permis ainsi de se déplacer, elles tombent au fond et vont se fixer dans les substrats meubles, sables et graviers. Leur croissance peut être très lente, quelques millimètres par an, et elles n’atteignent la maturité sexuelle qu’à l’âge de 20 ans. Il faut donc beaucoup de conditions pour que l’espèce se maintienne et se reproduise.
La Moule perlière, surtout connue à l’est de la Haute Loire, ainsi qu’en Margeride, est toujours présente sur la Loire en amont du Puy. La population très restreinte est par contre isolée des peuplements présents dans les affluents de la Loire plus en aval du fait de la pollution plus importante de la Loire à l’aval du Puy ainsi que des barrages qui empêchent tous les échanges de populations par l’intermédiaire des poissons migrateurs.
Le maintien de l’espèce dans le haut bassin de la Loire et surtout la reconquête des territoires anciens passent par une protection efficace des sites habités par l’espèce, la maîtrise de la pollution sur l’ensemble du bassin versant et la réalisation d’aménagements permettant le franchissement par les poissons des barrages.

Le plus aquatique des crapauds, le Sonneur à ventre jaune

Ce petit crapaud, d’une taille moyenne de 5 cm, vit en effet pratiquement toujours dans l’eau. Il y passe la totalité de la période de reproduction, d’avril jusqu’ en été, et choisit pour son hibernation (d’octobre à avril) de s’enfouir dans la vase ou la boue des points d’eau.
Il affectionne les milieux d’eau stagnante, en bord de cours d’eau (fossés, flaques, mares). Son nom est lié d’une part à son chant (il émet toutes les secondes, de jour comme de nuit, en période de reproduction au printemps) et d’autre part à son ventre jaune vif ponctué de taches sombres qui lui permettent d’impressionner l’adversaire (en cas de danger, il se retourne en effet sur le dos).

Sinon de taille modeste comme nous l’avons dit, le dos gris brun et recouvert de pustules comme ses congénères des autres espèces, il ne se remarque pas particulièrement.
Il se nourrit d’insectes aquatiques, essentiellement des larves de moustiques.

Le Sonneur est bien présent sur la Haute Vallée de la Loire où il remonte jusqu’à Lafarre.
On peut rencontrer des populations importantes dans certains secteurs. Aussi son inscription sur la directive Habitats comme espèce à protéger peut surprendre certains. Mais au niveau européen, c’est une espèce rare et des zones comme la Haute Vallée de la Loire constituent des réservoirs de population à préserver. Une telle concentration étant peu commune sur l’ensemble de l’aire de répartition de cet amphibien qui occupe l’Europe centrale et méridionale.

Le maintien de la dynamique naturelle des rivières qui conditionne le remplissage des milieux aquatiques annexes est la condition de la conservation de cette espèce. Les espèces qui ont été présentées, témoignent de la qualité des milieux aquatiques de la Haute Vallée de la Loire.

Elles constituent avec d’autres un patrimoine exceptionnel. Cependant leur maintien, comme cela vient d’être dit pour la Moule perlière, dépend d’une autre espèce, la nôtre.
Dégradation plus ou moins volontaire des biotopes, pollutions diverses entraînant une altération de la qualité des eaux, seuils, barrages et autres aménagements constituent autant d’obstacles à leur survie.
Il faut donc être extrêmement vigilant vis à vis des interventions sur les milieux où vivent ces espèces et prendre le temps d’en évaluer l’impact global à plus ou moins long terme. N’oublions pas, tout ce qui sera entrepris pour préserver ces espèces et leurs biotopes, contribuera à l’amélioration générale de nos rivières et nous en bénéficierons aussi.

Sources/Bibliographie :

Bouyon C. 1998. NATURA 2000, Gorges de l’Allier et affluents, Gorges de la Loire et affluents partie Sud. Ministère de l’Environnement, DIREN Auvergne, et Nature Haute Loire.

Cochet G. 1995. Inventaire des cours d’eau à Moule perlière du haut bassin de la Loire. Ministère de l’Environnement, DIREN Auvergne , et Nature Haute Loire.

Faure R. 1995. Inventaire des cours d’eau à Ombre commun du haut bassin de la Loire (Haute Loire, Ardèche). Ministère de l’Environnement, DIREN Auvergne , et Nature Haute Loire.

Joubert Bernard. 1995. Inventaire des zones humides du haut bassin de la Loire. Ministère de l’Environnement, DIREN Auvergne , et Nature Haute Loire.

Leciak E. 1996. La Loutre sur la Haute Vallée de la Loire. Rapport de stage LEGTA Olivier de Serre. Nature Haute Loire.

Leciak E. 1997. Application des méthodes de cartographie à la protection de la Loutre d’Europe sur la Haute Vallée de la Loire. Rapport de stage Université d’Aix Marseille. Nature Haute Loire.

Lhort P. 1995. Inventaire des cours d’eau à Ecrevisse à pattes blanches du haut bassin de la Loire. Ministère de l’Environnement, DIREN Auvergne , et Nature Haute Loire.

Valladier E, Leciak E. 1995. Inventaire Loutre du haut bassin de la Loire. Ministère de l’Environnement, DIREN Auvergne, et Nature Haute Loire.

 

L'Exposition sur la Vallée

Composée de 10 panneaux, cette exposition présente toutes les richesses de la Haute Vallée de la Loire. Possibilité de location.

Randonnées « buissonnières »

Nous vous proposons ici 10 sentiers sauvages pour découvrir la Haute Vallée de la Loire.